Et si rien ne venait à changer…

Emile H. Malet

 

Oui, et si rien ne venait à changer en France et dans le monde. …Et, cela, alors que les morts dûs à la Covid 19 se comptent désormais par centaines de milliers et les contaminés viraux par millions…                Abordons d’abord l’horizon planétaire et ce qu’il pourrait advenir de grande transformation, évitant de polariser notre regard sur le ressenti par les populations des quelques évolutions sociétales intervenues durant l’acmé de cette crise sanitaire. L’Asie, prise dans un spectre plus large et intégrant les contrées du Pacifique, poursuivra sa marche conquérante en avant, cherchant à s’approprier de nouveaux marchés pour éviter de ralentir sa croissance. Puissance dominante asiatique, la Chine, d’où le maelstrom viral est parti, va chercher à coup de milliards d’investissements extérieurs à faire oublier sa part de responsabilité dans la pire crise sanitaire et mortifère survenue depuis la seconde guerre mondiale. Il est peu probable que l’Empire du milieu s’emploie à tempérer sa fringale technologique et scientifique, car il y va de son standing de puissance hyper-mondialisée à la recherche obstinée d’une place de numéro 1 de la planète. La Corée, le Japon, Singapour et l’Inde ne sont pas en reste pour contribuer à faire de l’Asie-Pacifique le môle de la croissance et du développement mondiaux.

Concernant l’emprise chinoise croissante sur les institutions internationales, elle résulte d’une volonté impériale de suprématie et de domination –ce qui distingue le président Xi Jinping de ses prédécesseurs, dynastiques comme communistes- et rien ne semble en mesure de freiner la sinisation d’un multilatéralisme fragilisé par la montée des nationalismes et les désengagements trumpistes de l’administration américaine. La nature ayant horreur du vide, la Chine occupe toutes les vacuités conséquentes de la désertion américaine (OMS, UNESCO, Climat…). De leur côté, le Japon et l’Inde cherchent à profiter de l’instabilité mondiale pour avancer leurs pions socio-économiques, particulièrement dans le domaine des technologies et des emplois à forte qualification ajoutée.

A propos des États-Unis, avec une économie considérablement ralentie par la crise virale et les millions de chômeurs en résultant, le seul changement véritable serait la non-réélection de Donald Trump le 4 novembre prochain. Qu’en sera- t-il? Les augures sont plutôt favorables à son challenger démocrate Joe Biden, elles l’étaient déjà avant la bourrasque de la covid-19, elles se sont renforcées du fait de l’approche chaotique de Trump après la mort violente de Georges Floyd et les manifestations anti-racistes qui ont suivi. Seulement, Donald Trump malgré sa défaillante gestion de la crise et ses réactions belliqueuses coutumières, voudrait apparaitre comme l’acteur du sursaut américain- si l’économie redémarre… et l’emporter au finish. Quoiqu’il en soit de cette incertitude électorale, une Amérique avec ou sans Trump voudra faire perdurer et même amplifier son leadership dans l’industrie des communications et de l’information. Souvenons-nous du dynamisme d’un Barack Obama dans le domaine de nouvelles technologies (NTIC), dont il fut le porte- drapeau marchand avec une efficacité redoutable. Par ailleurs, on a pu observer au cours de cette crise que, malgré l’effondrement de nombreux secteurs de l’industrie, les géants du Net (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ont accumulé moult dividendes et investissements, ce qui ne présage d’aucune inflexion dans la croissance des outils numériques, que la crise a dopés. Surtout que la concurrence digitale est au cœur de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, notamment avec l’exploitation de la 5G.             La Russie pour sa part semble repliée sur elle-même, faute de nouveaux conflits à soutenir et du fait d’une chute du cours des hydrocarbures. Tant que ce grand pays ne sera pas en mesure de diversifier son économie, il ne pourra venir concurrencer le duo sino-américain.

L’Afrique s’est retrouvée en partie épargnée par la pandémie, si on en juge par la diffusion de la contamination au coronavirus et le nombre de décès. Mais plutôt que le résultat positif d’une véritable politique de santé publique et de prévention, n’est-ce pas la conséquence d’une mondialisation au rabais et à mobilités réduites du continent africain ? Le monde arabe est resté calfeutré dans ses contradictions politiques, avec un immobilisme socio-économique qui perdure. Les conflits à soubassement djihadiste au Proche et au Moyen-Orient sont demeurés à faible intensité, avant de rebondir quand les passions meurtrières se réveilleront. Reste l’Europe, si éprouvée et si contrainte par une crise qui a mis en exergue ses faiblesses et ses failles.

L’Europe a été dans un premier temps spectatrice, dans sa chair, ses valeurs et son économie, d’une crise qui l’a frappée de plein fouet et à laquelle elle n’était pas préparée. Pour l’urgence, à savoir les contingences sanitaires, les pays européens se sont retrouvés sous la dépendance de marchés extérieurs pour se ravitailler en matériel de secours (masques, respirateurs…). Toutefois, l’Union européenne a tenu institutionnellement le coup, les bureaux sont restés actifs à Bruxelles, Strasbourg, Francfort, la Haye ou Luxembourg. Bien que la riposte à la crise a semblé laborieuse, brouillonne et inaboutie dans son accomplissement politique, l’Union européenne monitorisée par le couple franco-allemand  s’est montrée volontaire et dynamique en dégageant les moyens financiers pour sauvegarder la trésorerie des pays européens en faillite et amorcer un ambitieux plan de relance économique.

 

 

 

 

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