Quand la politique tangue 

Emile H. Malet

 

 

 

 

Le débat sur les retraites, censé redonner de la vigueur à la démocratie parlementaire, n’aura in fine qu’accru le malaise politique de la France, moins d’un an après la réélection d’Emmanuel Macron. Sans majorité présidentielle à l’Assemblée nationale, la Première ministre Elisabeth Borne, venue de la gauche de l’échiquier politique, se savait vulnérable. Elle aura fait le job mais sans réussir à bricoler une majorité de circonstance et donc contrainte de passer en force avec le désormais fameux et décrié article 49.3. A la vérité, cette réforme des retraites pour utile et pertinente qu’elle soit au regard de la conjoncture économique et financière de la France, avec nos milliards de dette publique, la hausse des taux t’intérêt, une croissance molle et une difficulté organique à réindustrialiser « proprement » le pays, buta sur un malaise social considérable, un appauvrissement continu de la classe moyenne, la valeur travail remise en question et last but not least, un discours politique aussi mal argumenté que versatile et incapable de requérir une adhésion nationale. Résultat : des grèves à répétition, des blocages catégoriels, des colères et du ressentiment, bref un gâchis considérable qui n’épargnera ni les princes qui nous gouvernent, ni les oppositions prêtes à en découdre, ni les syndicats qui tirent un maigre profit temporaire en gonflant leurs effectifs. Et plus grave encore : ni la France percluse d’endettement et sommée de rester compétitive, par rapport au partenaire allemand et plus globalement en tenant compte des enjeux industriels et décarbonés captés égoïstement par la Chine et les Etats-Unis.

 

S’il est un peu tard pour dire qu’il fallait s’y prendre autrement, que la méthode était mal choisie et que la démocratie consiste à fabriquer du consensus - fut-il introuvable -, cette réforme des retraites a reçu un sceau de l’égalité parlementaire dont une concordance avec les impératifs financiers et démographiques pourra toujours trouver des ajustements, des adaptations, la politique doit se ressaisir et sortir du duel binaire pouvoir exécutif / syndicats, Assemblée nationale / rue et autres clivages mortifères. A s’institutionnaliser, ces clivages, qu’ils viennent de l’extrême droite comme de l’extrême gauche, sont les fossoyeurs de notre démocratie, de notre belle France, de notre République. Prenons gare à ne pas nous habituer à ce climat délétère, au goût de la violence, au retour du ressentiment. Laissons aux poubelles de l’Histoire la vulgate populiste, que ses accents versatiles s’alimentent au néo-fascisme comme à un trotskysme d’instrumentalisation du politiquement correct.

 

Maintenant que les notions de censure contre le gouvernement n’ont pas été adoptées, ce qui vaut quitus institutionnel pour cette réforme tout en suscitant un mécontentement populaire, l’heure est à la restauration d’une politique contractuelle et d’adhésion.

 

Il n’y a pas plus d’homme providentiel, le « premier » des Français dont la légitimité lui a été ré-octroyée en avril 2022, a la charge de ressourcer la politique du pays en tenant compte de ses fractures sociales, des difficultés économiques de la France dans le concert de la mondialisation, des forces politiques démocratiques – elles sont et elles demeurent largement majoritaires. De la même manière, les syndicats doivent s’en tenir à leurs revendications socio-économiques et à ne pas rêver au « grand soir » qui consisterait à débarquer les politiques. Nous ne sommes pas une démocratie bananière pour envisager du dégagisme politique. On l’a compris, l’apaisement doit être recherché de la part de toutes les forces actives du pays, quitte à demeurer vigilants sur des principes républicains de solidarité et de bonne gestion du pays. Quand la politique tangue, le chaos s’instaure pour annihiler toute dynamique sociale et mettre le pays à genoux. Est-ce ce que nous recherchons ?

 

 

 

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