Notre cagnotte Leetchi
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Emile H. Malet
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Emile H. Malet
Nous vivons une époque de grandes transitions. La transition énergétique vise à économiser l’énergie, à la rendre plus propre (c'est-à-dire moins carbonée), à introduire des énergies renouvelables (soleil, vent, hydraulique…), tout cela conjugué à une numérisation de l’énergie pour gagner en économie, en environnement et en confort. Mais aller trop vite en besogne, comme c’est le cas au niveau de la politique énergétique européenne, c’est créer un désordre grandissant du marché de l’électricité, pousser à la faillite quelques grands énergéticiens, pénaliser les consommateurs avec une électricité plus chère et mettre en difficulté in fine l’énergie nucléaire.
La transition artistique que nous vivons, qu’on nous impose surtout, vise à mettre Jeff Koons et ses formes en plastique au même niveau que Léonard de Vinci et Rembrandt. Ce ne sont plus ces derniers artistes monumentaux qui sont exposés au château de Versailles mais une kyrielle d’artistes médiocres qui font des zizis plastifiés ou le vagin de la Reine avec de l’aluminium rouillé.
Où est le progrès ? Où est l’inventivité ? Où est la création ? Certes, ces gadgets sont commodes et distraient les foules en satisfaisant à des jouissances de court terme et à bon marché. En les informatisant, un sentiment de puissance et de maîtrise de l’objet capte l’attention du consommateur et aussi son portefeuille. Toute la ruse du numérique est de faire croire que les Google, Apple, Facebook, Amazon… sont des entreprises philanthropiques à grande échelle alors qu’elles sont dirigées par des capitalistes âpres au gain et avides de corréler les sociétés sur le monde virtuel.
En politique, on se souvient de la tendance socialiste dite des « transcourants », d’où provient l’actuel hôte de l’Elysée, et qui visa en son temps, sous la conduite de Jacques Delors, à établir des passerelles de débat et de consensus entre la mosaïque socialiste et les centristes. Il n’en reste rien, ou presque rien, car la politique ne s’augmente pas ou ne se diminue pas en accumulant des synthèses insipides qui flattent les ego de leurs auteurs hors du pouvoir et sans prégnance véritable dans l’exercice du pouvoir.
La transsexualité vise à choisir son sexe, indépendamment de la biologie et en fonction de ses souhaits, de ses fantasmes plus exactement. Un homme devient une femme, une femme devient un homme, au gré de ses pulsions et de ce que l’individu croit être une prédétermination contrariée par les normes sociobiologiques et familiales. Bien sûr, que le féminin traverse le masculin et vice-versa, mais changer de sexe, c’est tout à la fois refuser la castration symbolique qui vous fait entrer dans la civilisation en acceptant les limites qui nous régissent culturellement. Encore plus loin dans cette transformation asexuée, certains vont jusqu’à se réclamer d’un sexe neutre, ni homme, ni femme. Un robot, un clone, un ovni en somme qui, pour échapper à l’ « épouvantail » sexuel, se veut ni un père, ni une mère, ni un fils, ni une fille. Là encore, le numérique apporte la caution technologique pour robotiser l’espèce humaine en fabriquant des sapiens qui ne connaîtront ni le rapport sexuel, ni la reproduction. Du pareil au même pour neutraliser l’altérité et en faire un rebus social.
Venons-en au transhumanisme, ou plutôt à son expression plurielle : Quels transhumanismes ? Dans le dossier que nous consacrons à ce sujet, avec des points de vue émanant pour l’essentiel de médecins et de psychanalystes, nous avons choisi de nous ranger du côté du progrès scientifique appliqué aux différentes thérapeutiques : médicale, psychanalytique, psychopédagogique... Et d’écarter de notre démarche tout ce qui porte atteinte au sapiens dans son intégrité physique et psychique. Les manipulations transgéniques, par exemple.
Les grandes technologies de la communication sont à l’œuvre et elle interférent notamment sur l’éducation et les relations sociales. Dés lors qu’elles ne mettent pas en cause l’apprentissage à la lecture et à l’écriture ainsi qu’à la capacité de se doter des savoirs les plus diversifiés, il faudra les intégrer à nos modes de vie car on ne pourra pas revenir sur l’essor d’Internet. On se doit toutefois de préserver le contrat social parce qu’il fonde nos relations à autrui et qu’aucune virtualité ne doit mettre en péril. Il s’agit de trouver un équilibre entre les anciens savoirs et les acquisitions contemporaines.
En ce qui concerne les thérapeutiques, dés lors qu’elles augmentent les capacités physiques de l’individu, par exemple en se portant mieux par une prévention sanitaire de bon et juste aloi, en diminuant l’effort physique et la pénibilité au travail, en interférant sur les souffrances psychiques pour les amoindrir par une psychanalyse appropriée… bref, tout ce qui améliore la condition de l’individu en société doit être recherché et mis en place sous assise thérapeutique. Mais au-delà, tout ce qui s’apparente à un totalitarisme comportemental en domestiquant la psyché et les neurones doit être évacué et même contraint juridiquement. Passer du sapiens au post sapiens a toujours germé dans l’imagination des hommes pour concilier le rêve à la réalité. Car, de cette mission impossible, les dictateurs et autres pervers ont tiré profit pour fabriquer un homme nouveau programmé en vue d’asservir les foules. Au cœur de l’eugénisme désastreux pour l’espèce humaine, mise à l’œuvre sous le régime nazi, il y avait cette grande transformation en instance d’éliminer tous les récalcitrants du genre humain et autres poètes de l’imagination.
En son temps, Michel Foucault avait montré le danger de conjuguer la biologie et les droits (bio-droits), d’autres compositions savantes et perverses à l’enseigne de la transparence sont à l’œuvre dans le transhumanisme. C’est tout le danger de ce concept, véritable fourre-tout socioculturel, qui monitorise la pensée et les thérapeutiques par le virtuel et le numérique, et déclenche un irrésistible attrait chez ceux qui ne savent pas s’en prévenir. Le transhumanisme n’est à coup sûr pas un humanisme.