Notre cagnotte Leetchi
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De la transition énergétique, il est beaucoup question et souvent pour des usages démagogiques. A la fois comme un remède miracle à la crise économique et financière et aussi afin de satisfaire nos besoins énergétiques dans un cadre environnemental purgé de la pollution carbonée. S’en suivraient une amélioration de la situation sociale ; les fameux emplois verts programmés par centaines de milliers ; une production massive d’énergies renouvelables venant se substituer aux hydrocarbures avec pour incidence directe et positive la baisse de la facture énergétique qui grève pour au moins la moitié le déficit de notre balance des paiements ; à cette sobriété écologique s’ajouterait des économies d’énergie avec la panoplie des technologies « low carbon » qui accroissent l’efficience énergétique à ressources égales ; un mix énergétique national aussi écologique que possible, sécurisant nos approvisionnements et revigorant l’emploi, et qui serait par ailleurs satisfaisant pour l’hexagone et compétitif à l’international.
La « mariée » serait trop belle avec tous ses atours énergétiques si c’était vrai et si l’énergie avait réponse à tout. La transition énergétique résonant comme un « buzzword » pour nous faire oublier la crise et les difficultés socio-économiques rencontrées par notre pays et qui s’amoncellent sur la planète face au désordre mondial, s’avèrerait vite un leurre et aurait le sort des feuilles mortes emportées par les vents saisonniers. Cette mise en garde aussi sémantique que fonctionnelle ne doit pas nous empêcher d’appréhender la transition énergétique comme une étape nécessaire de transformation socio-économique et culturelle en vue d’améliorer l’état du monde et éviter les catastrophes écologiques. Dans ce registre modérément optimiste, on peut ajouter qu’une transition énergétique raisonnée et raisonnable, où les besoins des hommes et les contraintes naturelles et technologiques seraient correctement objectivés, pourrait aider à mettre en route une nouvelle économie, industrielle et numérique, sociale et politique. A l’instar du développement durable qui, avant de devenir le concept galvaudé par la mode environnementale, a émergé comme un antidote écologique face aux excès néfastes d’un capitalisme financier sans foi ni loi et d’un consumérisme illimité, la transition énergétique peut favoriser l’amorce d’un nouveau modèle de développement, promouvant autant la croissance et la prospérité que la solidarité en permettant l’accès à l’énergie pour le plus grand nombre d’individus. Naturellement, et pour ce faire, une nouvelle grille d’approche doit mettre l’accent sur l’énergie comme facteur de croissance et de développement, sans négliger la préservation de l’environnement. Le challenge est immense car il vient impaqueter tous les interstices de la mondialisation, tant dans ses asymétries économiques constatées entre pays émergents et économies stagnantes, voire en récession, qu’au vu du creusement des inégalités et des pollutions qui viennent précariser la planète.
Chaque pays vit une situation particulière quand à la singularité de son mix énergétique. La France dispose avec le nucléaire de 50 % d’énergie décarbonée, l’Allemagne est dotée de réserves charbonnières de lignite garanties pour 350 ans, les Etats-Unis sont à la veille d’acquérir une indépendance énergétique grâce à la production massive de pétrole et de gaz de schiste, la Russie est assise sur d’énormes réserves de pétrole et de gaz… La Chine cherche à rattraper son retard en investissant fortement sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Cette diversité dans la ressource implique une diversité équivalente quand à la transition énergétique que l’on promeut aux couleurs nationales. Au sein de l’Union Européenne et du fait que les systèmes nationaux ne sont pas juridiquement et physiquement comptables, la transition énergétique empruntera des voies singulières. Mais cette singularité doit s’accommoder de règles communes et d’une interdépendance à travers les réseaux de transport des énergies. Qu’il s’agisse de la protection de l’environnement sous toutes ses formes, de la taxe carbone, de l’exploitation du gaz de schiste comme des réserves d’hydrocarbures off-shore, des interconnexions terrestres et maritimes, de la géothermie (à fort potentiel dans nos îles d’Outre mer) au solaire photovoltaïque si prometteur, bref de tout ce qui a trait à l’énergie dans le monde, la transition énergétique est une aubaine de développement si nous savons privilégier la coopération aux dépens des égoïsmes nationaux, la complémentarité des ressources à des rivalités marchandes, les régulations climatiques à la recherche de la rente maximale. Avec la transition énergétique, la mondialisation dispose d’une capacité d’agir contre le sous-développement, l’exclusion et la précarité.